1999, Chapitre 1 à 3, TOME 1

1999

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Vendredi 9 Avril 1999, fête des Gautier, qui signifie « commander une armée », (l’armée des ombres ?)

Si Mandro est seulement une projection de mon idéal masculin (ou mon animus), mon évolution actuelle fait que les souffrances éprouvées et la gêne ressentie face à lui pour m’être trompée ne seraient rien en comparaison de mes acquis !

Selon une autre hypothèse ressemblant à celle d’une projection sur un plan un peu différent, il est peut-être pour moi, au sens bouddhiste, un “Upagourou”, c’est-à-dire une personne banale, (en tout cas pas un maître spirituel reconnu), choisie par un disciple qui voit en elle son guide sur le chemin spirituel. J'ai bénéficié de tant de bienfaits spirituels que dans ce cas aussi, ce serait fantastique.

Enfin peut-être est-il véritablement “mon maître”, celui dont la relation aussi frustrante soit-elle, peut en réalité m'aider à progresser encore sur la voie spirituelle où je me suis engagée depuis notre rencontre. Auquel cas, je dois en effet persévérer à garder le lien avec lui. Vu ce que l’histoire raconte des épreuves, du mépris, de l’indifférence ou des basses besognes humiliantes subies par les disciples, parfois pendant des années avant d’être acceptés par le Maître, je m'estime privilégiée, en fait. L’épreuve à laquelle la relation avec Mandro me soumet est dans cette perspective relativement douce.

Je n’éprouve plus le besoin de sa présence, mais est-ce une vraie libération ou simplement une phase de répit ? J'ai cru si souvent que tout était fini tandis que ce n’était qu’une étape. Je comprends ma « mission » en rapport avec la Réalisation selon deux niveaux.

Au premier, je dois me laisser transformer d’après le modèle qui m'est « appliqué ». Au second, je suis conduite à accepter ce qui se présente dans ma vie, y compris les messages à déchiffrer ou les tâches à accomplir pour Mandro, sans pouvoir choisir par moi-même ce que je dois dire ou faire.

Je me vois tel un instrument invité à tendre ses cordes de la bonne façon pour être joué en harmonie avec la musique de l’univers. Je ne choisis ni le morceau joué ni le moment où je dois jouer. Ainsi le résultat de ma mission envers Mandro, même apparemment négatif (du moins selon mes critères actuels ne me permettant pas d’avoir la vision élevée de mes guides), ne me pénalisera pas.

Si Mandro me repousse maintenant, s'il se moque de moi ou même de ma démarche envers lui, cela m’indiffère. Seule compte mon obéissance au service de la Voie. Me reconnaissant fragile et vulnérable, je mesure d’autant plus la grâce dont j'ai bénéficié. Cela aurait pu détruire ma vie, en me faisant entre autres sombrer dans la folie et donc atteindre ceux que j'aime. Au lieu de cela, je me vois transformée selon un schéma dont j'ignore même le possible, ma vision de la vie a profondément changé et un ordre supérieur de cohérence se dévoile jour après jour.

Samedi 15 Mai 1999, fête des Denise, qui signifie « fille de dieu ». Nouvelle lune de printemps.

 Je note un rêve fantastique dans lequel Jil me révèle un secret contenu dans la pomme. J'en suis bouleversée.C’est la révélation du sens du péché originel, du cinq en étoile caché au cœur du fruit, du Sens de notre destin humain FABULEUX au-delà de ses mesquines apparences.

Mon moi fragile vole en éclats, tout comme le verre qui s’est brisé dans mes mains juste au moment où j’y repensais quelques heures plus tard. C’est un choc inimaginable, une expérience inconcevable !

Lundi 17 Mai 1999, fête des Pascal qui signifie « le passage, sauter », (sauter le pas ?).

Depuis mon rêve de la pomme, je vis dans un état persistant de profonde sérénité comparable à la surface de la mer agitée par les vagues du quotidien et si stable en profondeur ! Cet état est seulement troublé par des messages répétés concernant ma mission envers Mandro. Et alors que personnellement je me sens détaché de lui, Jil ne veut pas que je l’oublie.

Dans un rêve lumineux, je dois lui révéler le secret de la pomme coupée en deux. Mais il devra trouver seul - en écoutant la voix de son cœur - ce que cette pomme enseigne sur le Sens de nos vies. Après ce pas décisif, il pourrait ainsi recevoir, s’il le désire, la révélation des étapes et être guidé sur son propre chemin de réalisation.

Selon Jil, le résultat obtenu, c’est-à-dire qu’il accepte de recevoir ou non cette transmission, ne changera rien. Je dois juste obéir, servir le temps nécessaire afin qu’il parvienne là où il doit arriver et à cet effet, tout ce que je dois accomplir ou savoir me sera révélé progressivement. A l’issue de ce rêve, Mandro m'est présenté en « fils spirituel » et je l'accepte aussi sans bien comprendre pourtant à quoi cela fait référence. Je ressens alors une profonde Paix, un immense Amour et la liberté (paradoxale !) du service.

Mardi 18 mai 1999, fête des Éric qui signifie le « roi unique ».

Le sommeil me fuit, je suis saisie par un sentiment d’amour océanique, universel. Je n’arrive plus à dormir et je me réjouis de ce temps où je retrouve la conscience de cette Présence en moi. Je suis sanctuaire et tout y est si calme, lumineux, simple.

Je peux aimer chacun comme aimant mon Bien-Aimé en lui (ou elle) d’un Amour infini qui se manifeste différemment selon la personne concernée et pourtant reste toujours le même à la Source. Aimer l’homme révélé selon toutes les dimensions de l’amour, puis mon frère d'âme, puis mon fils spirituel. Dernière étape ?

Je ne juge plus ce que font les autres et de moins en moins ce que je fais pour obéir à la mission. J’apprends à me laisser apprivoiser par le Silence qui pourtant me faisait si peur auparavant. Et si je n’en suis qu’au début, je réussis parfois à entendre clairement le Maître suprême. Éprouvant ma fragilité et l’immensité de sa Grâce, j’apprends à lui laisser place en moi. Pourtant, rien n’est acquis à jamais. Aussi, pour contrer ma faiblesse, je m’appuie sur la force de mon Bien-aimé et son Amour infini en lui livrant continuellement ma vie. D’instant en instant, je dois renouveler mon acceptation et œuvrer à son service pour progresser sur le chemin qui me mène vers lui.

Mercredi 19 Mai 1999, fête des Romuald le « gouverneur glorieux », cela va bien à Georges (c’est son deuxième prénom) !

J’ai refait plusieurs fois le rêve de la pomme coupée en deux. Ce n’est pas un rêve banal, il me fait entrer dans une autre dimension et me révèle des vérités fondamentales dont nous n’avons plus conscience dans notre vie moderne coupée de ses bases traditionnelles. Ces vérités sont maintenant vivantes en moi et ce nouveau changement de perspective m’a mis dans un tel état que j’ai fait une erreur aux conséquences douloureuses.

Jil a insisté pour révéler ce secret à Mandro seul, pourtant j’ai de nouveau « banalisé », me disant que ce n’était qu’un rêve. Aussi j’ai entrepris d’en faire profiter Georges et les enfants. La sanction a été rude, ils n’en ont pas compris l’intérêt et se sont moqués de moi. Déçue et honteuse, lorsque j’ai pris contact avec Jil pour lui demander de me pardonner, il m’a répondu : « Obéis, la voie est dangereuse pour celui qui ne reste pas attentif et il y a un prix à payer, mais tu mérites de passer la porte. » Grâce à Jil, j’ai compris l’importance initiatique de ce secret. Il ne doit pas être divulgué comme une belle histoire sous peine d’être inopérant.

Vendredi 21 Mai 1999, fête des Constantin qui signifie « constance, persévérance »

Au travail, je parle à une personne dans la pièce voisine de mon bureau et une lourde porte se referme brutalement sur mes deux doigts imprudemment posés sur la charnière centrale, d’une façon imprévisible selon les témoins, en l’absence du moindre courant d’air.  Sous le choc, je m'évanouis. Heureusement, malgré la violence du traumatisme, il n’y a pas de plaie grave ni de fracture. J'en suis quitte pour des hématomes, le sacrifice de deux ongles et des douleurs lancinantes. J'éprouve ma faiblesse, je croyais être « arrivée » grâce à ce secret fabuleux, je me rends compte que je ne décide de rien.

Dans la douleur, j'apprends : si je suis réduite à mes propres forces lors de mon évolution sur ce territoire mystérieux, je cours le risque d’être « broyée ».

2

Mardi 25 Mai 1999, fête des Sophie qui signifie «sagesse».

Contrainte à une relative immobilité forcée en attendant que mes doigts guérissent suffisamment, je bénéficie depuis quelques jours de merveilleux enseignements lors de nombreux songes. Cette « porte » dont Jil m’a parlé, franchie avec fracas, débouche sur une certaine forme de connaissance. Je vis un rêve fabuleux, une autre réalité incontournable se manifeste à moi.

Par ailleurs, Jil a insisté pour que je parle à Mandro, il évoque le danger planant toujours sur lui, j’ai donc fini par me résoudre à le contacter. Par téléphone, je lui ai proposé une rencontre d’une demi-heure, même dans un lieu public. Son ton était glacial et il a refusé poliment.

Bien que ce genre de situation soit toujours un peu désagréable, j’en ai été soulagée. C’est déjà une histoire folle pour moi qui la vit, alors comment la partager avec quelqu’un qui semble tout ignorer de cette autre réalité ?

En tout cas, je suis allée jusqu’au bout de la partie concrète de cette démarche en faveur de Mandro. Pour répondre à Jil, j’avais en effet accepté de faire cet ultime effort en demandant de n’avoir plus jamais à recommencer ni par lettre ni par téléphone (tout en continuant bien sûr d’honorer mon engagement de disponibilité et d’intercession « subtile »).

Soudain, je réalise ce que je viens de faire. “Moi” si timide, si réservée, j’ai de nouveau osé ! J’en suis très étonnée, ce courage ne me ressemble pas et me prouve que je suis bien dans l’axe d’une volonté supérieure. Cela me rend “divinement” heureuse. C’est la mission la plus difficile qui m’ait été confiée, le but doit être sacrément important ! Objectivement, je ne vois pas en quoi, je m’efforce pourtant de ne pas juger selon les apparences. Mes guides me soutiennent sur cet âpre chemin qui, en m’exposant au jugement d’un étranger inamical, me dépouille de mes certitudes et de mes limitations faussement sécurisantes, je leur fais donc totalement confiance.

Vendredi 28 Mai 1999, fête des Germain qui signifie « rejeton ».

Quelques jours après le nouvel échec de communication avec Mandro, je progresse dans la compréhension de ce qui se joue entre lui et Jil, en obtenant enfin quelques réponses de la part de celui-ci.

Mandro refuse de prendre en compte certains problèmes aux conséquences fâcheuses pour son avenir. (N’est-ce pas d’ailleurs notre cas à tous ou presque, sans en être forcément conscients ?). Pourtant sur un autre plan, il est formidablement aimé et précieux pour l’évolution, en raison d’un potentiel ignoré, n’ayant apparemment pas encore trouvé sa « juste place ».

Selon Jil, je suis apte à lui servir d’intermédiaire en raison de tout ce que j'ai vécu jusqu’alors, de mes choix de vie tout au long de mon parcours, de ma capacité à m’investir à fond dans ce projet même sans comprendre et à m’effacer le moment venu tout en gardant pour Mandro un amour inconditionnel, fraternel, sans le juger. Pour lui c’est apparemment comme si tout dans ma vie se justifiait pour en arriver là ; c’était inscrit dans mon destin.

Bien que je pense alors être incapable d’assumer la grandeur d’âme imposée par cette mission, Jil m’aide à découvrir un envers du décor fait d’événements successifs, de rencontres apparemment dépourvues de sens, sans lien évident, qui forment en réalité un réseau de significations d’une haute cohérence, en tout cas bien plus forte que je ne suis capable de concevoir intellectuellement.

Pour servir au mieux la mission à ce stade, l’important est semble-t-il dans l’effacement. Si Mandro projette ses sentiments négatifs sur moi tandis que j'éprouve malgré tout un amour inconditionnel pour lui, peut-être aura-t-il la chance de percevoir ses problèmes, et donc l’opportunité d’évoluer grâce à leur reflet déformé, renvoyé par cet amour aux vertus de miroir psychique ? Selon Jil, l’action directe n’est plus nécessaire, l’essentiel se passe à un autre niveau de réalité.

Je me dis comblée au-delà de toute espérance et admet la valeur de ce que j'ai reçu :

Foi, Obéissance, Confiance, Amour, Libération, Énergie !

 F.O.C.A.L.E. Symbole des étapes sur le chemin. Je dois maintenant entrer plus profondément dans le SILENCE parce que ce qui se passe dans cette histoire se situe bien au-delà des mots et des idées formulables.

Sensation vertigineuse, je mesure d’une façon pourtant imparfaite liée aux limitations de ma nature, l’immensité de l’Amour dont nous sommes aimés. Sa puissance phénoménale nous guide secrètement sans s’imposer, elle est manifeste dans chaque événement de notre vie pour celui qui sait dépasser le mur des apparences, miroir trompeur de nos limites humaines. Et sa discrétion est la forme la plus haute de respect de notre liberté.

Mardi 1er Juin 1999, fête des Justin qui signifie « raisonnable ».

En me laissant emporter dans l’expérience du silence, j'y découvre des perspectives et des connaissances inattendues. Je vis intensément ces moments depuis que je n’essaie plus de les enfermer dans des concepts intelligibles ou du moins transmissibles. J'ai renoncé à cette ambition, car j'ai le sentiment d’être si loin dans mon évolution que seule une chance miraculeuse (ou prévue par le Plan), me permettrait de rencontrer un être humain capable de comprendre, et ce en dépit des efforts de mes confidents, Georges et encore plus Alicia. Malgré l’insistance de Jil et ma propre incapacité à en juger objectivement, Mandro ne me semble pas être celui-là.

Mais l’aiguillon de la douleur me tourmente de nouveau, je souffre du cou. Je me mets à l’écoute de mon corps et fait un songe : il faut encore et toujours me remettre dans l’axe de ma mission.

J'émerge de cet état de conscience modifiée avec une autre prière adressée à l’Être suprême dans une vision éblouissante d’étoile à cinq branches :

Un véritable programme.

SAVOIR – AIMER – VOULOIR – OSER - SE TAIRE

SAVOIR : Savoir ce que Tu me révèles et que Tu m’aides à comprendre en me guidant grâce aux livres ou aux gens que Tu me fais découvrir pour répondre à mes questions d’ignorante.

Accéder à de grands mystères qui me bouleversent et les accepter humblement, car ils sont autant d’étapes pour nous conduire vers Toi.

Savoir que je suis une femme ordinaire ; si j’approche ces fabuleux secrets, c’est en tant que simple servante du Chemin d’Amour. 

AIMER : Aimer d’un amour infini qui relève de Ta grâce. Aimer celui que Tu me désignes sans juger ni même comprendre. Aimer plus chaque jour car Tu nous aimes tant que le plus fabuleux amour humain est bien petit en comparaison !

VOULOIR : Vouloir que Ta volonté s’accomplisse dans ma vie, vouloir Te servir et suivre le chemin de la Réalisation du potentiel humain. Vouloir T'accorder toute ma confiance pour me laisser guider. Vouloir me faire toute petite pour que Tu prennes toute la place en moi.

OSER : Oser obéir fidèlement sans discuter à ce que Tu me demandes. Oser manifester Ton amour en moi. Oser être folle de Ta sagesse sans interposer ma mesquine raison humaine. Oser me tenir debout, pieds sur la terre, tête dans Ton royaume, en marche vers Toi.

SE TAIRE : Se taire pour garder préservée du monde, en moi, la source pure venant de Toi. Se taire pour accueillir la force qui me vient de Toi et la laisser se répandre pour la transmettre. Se taire pour protéger des vents contraires la flamme que Tu as allumée en moi. Se taire pour T’entendre et Te rencontrer au plus profond de mon être.

3

Début d’été 99

J’avais approfondi le mystère de la pomme, en rêve ou en songe et mes guides acceptaient que je le transmette à mon amie Alicia à sa demande. Le moment venu, je lui dis :

– Je peux juste t’expliquer comment faire toi-même cette découverte. Ce secret est destiné à Mandro, il possède l’arme nécessaire pour accéder au trésor, l’arme de l’or, « en l’or ». Nous verrons bien ce que tu peux en faire. Il nous faut des pommes et un couteau.

Je lui explique (voir Annexe)

ANNEXE TOME 1 - Le Trésor des Laures

Tracer un labyrinthe La Pomme Parcours du labyrinthe Direction Nord-Ouest pour le fils du Maître ...

http://tresordeslaures.canalblog.com

– Coupe ta pomme en deux à l’horizontale pour y voir l’étoile à cinq branches.

 Alicia s'exécute avec application.

– Bien. Maintenant, tiens-la par la tige reliée à l’arbre, la surface horizontale obtenue après coupe vers toi. Tu remarqueras au passage que la tige ou pédoncule te parle de la remontée vers la source de vie. Pour parvenir à cette source, comme tu es sur terre, tu « portes d’abord ta croix », tu es d'accord ?

– Va pour la croix.

– Aussi, trace une croix sur la surface de coupe horizontale, son intersection se trouvant au centre du cœur de la pomme qui ressemble à une fleur de cinq pétales.

– Voilà, dit Alicia après avoir tracé une croix.

– Bien. Joins à présent les extrémités de ta croix pour obtenir un carré. Ensuite, prolonge chaque entaille en creusant les côtés, jusqu'à obtenir un cube.

Alicia s’exécute lentement, avec toute son attention.

– Observe bien ce qui apparaît, dis-je.

Alicia regarde attentivement et remarque :

– On dirait une tige plantée dans la base.

– Oui, cela ne te fait penser à rien, par exemple dans le domaine des contes ?

– Une arme dans un rocher ? Oui, c'est comme une épée.

– Nous allons suivre cette indication d’une arme qui tranche et couper dans la chair le plus près possible de la tige qui se prolonge en son centre. Et en allant le plus bas possible, conserve juste un bout de chair là où se trouve l’étoile à cinq branches du milieu.

Elle coupe comme indiqué.

– Voilà, dit-elle, satisfaite.

– Très bien. Laissons ce côté sur la table pour l’instant. Maintenant, prends l'autre moitié de pomme, la partie opposée. Elle te parle du côté « chute terrestre », du côté du diable (dont l’étymologie fait référence à la division). Le diable est un imitateur, un « singe » disaient les anciens et il te propose d’aller droit au but, sans effort, sans avoir à « porter de croix ». Aussi, taille directement dans la pomme pour t'approcher du centre autour de l’axe vertical. Tu vois que tu n’obtiens pas la même forme.

– On dirait une sorte de sablier ou de diabolo, remarque Alicia.

– Coupe maintenant le plus bas possible à la base de l’étoile. Tu as maintenant deux étoiles qui se ressemblent.

– Exact.

– Cependant médite sur le rapport au temps, différent dans l’une et l’autre des visions du monde proposées. Puis essaie de voir à travers le cœur de chaque étoile.

Alicia regarde l'une et l'autre et décrit :

– Je vois la lumière dans celle de la moitié supérieure, l’étoile de l’axe du temps central ; l’autre, celle du sablier, est opaque.

– Et si tu veux quand même voir à travers en perçant son axe, que se passe-t-il ?

Alicia fait la manœuvre proposée et constate :

– Elle se coupe en deux parts inégales.

– Voilà, je ne peux t’en dire plus, le reste doit te venir par la « voix du coeur », grâce à la communication avec le monde subtil auquel cet exercice peut te donner accès.

Alicia manifeste son enthousiasme :

– C’est fabuleux, je n’aurais jamais cru trouver cela dans le cœur d’une pomme !

– Moi non plus, tu imagines mon état quand mon guide me l’a fait découvrir en rêve !

– Un peu. C’est une Connaissance incroyable. En tout cas merci pour ce partage.

Nous avons alors tout rangé en bavardant gaiement, puis Alicia m’a demandé où j’en étais… Je lui ai raconté :

– J’ai revu Jil plus nettement que jamais, j’ai assisté de loin à une sorte de dispute dont il était le sujet. J’ai cru comprendre le déroulement de son histoire : il avait reçu de son vivant une forme de « révélation » à transmettre à son tour. Il en a hélas compris l’importance trop tard et après sa mort, il a voulu en faire bénéficier son fils Mandro.

« S’il le savait « coriace », il a aussi découvert sa mission personnelle et son potentiel. Il a donc essayé de rentrer en contact avec lui, en vain apparemment jusqu’au moment où il m’a rencontré, repérant ce qui pouvait l’aider à atteindre ses objectifs. Il a été autorisé à se servir de moi, selon des règles dont je n’ai pas saisi les subtilités. Toutefois s’il m’a utilisé dans l’intérêt de son fils pour le guider sur la voie de sa sauvegarde, lui aussi, à un autre niveau, aurait été utilisé pour me faire évoluer.

 « Ses guides lui ont reproché d’avoir été prêt à me sacrifier pour ses objectifs, me mettant ainsi en danger. Ils ont été obligés d’intervenir afin de me protéger et lui ont reproché son aveuglement obstiné que, selon eux, l’amour paternel ne justifie pas. Il a reconnu son échec, et désespéré, il m’a demandé si j’acceptais maintenant de recevoir cette « révélation », sa mission étant de passer le relais afin de pouvoir évoluer, changer de plan. Je croyais avoir déjà reçu l’essentiel, en fait le plus important semble à venir.

« Je l’ai trouvé si vulnérable, lui qui m’avait paru implacable la plupart du temps, si émouvant de tendresse paternelle (ce n’était pas son fort me semble-t-il), que mes propres guides ne s’y opposant pas, j’ai dit OUI. En échange, j’ai promis d’agir au mieux pour le transmettre à son fils, sous la condition de respecter son choix de le recevoir ou non.

 Alicia m’interrompt :

– Attends, tu as promis de rendre au fils ce que le père te donne ?

– Je me suis surtout engagée à faire en sorte qu’il comprenne clairement ce dont il s’agit. Pour garantir sa liberté, il me faudra probablement en assumer les conséquences éventuelles dans ma propre vie. Je ne les connais pas et de toutes façons, je ne crois pas avoir d’autres choix sur cette Voie m’entraînant bien au-delà de mes perceptions actuelles.

– En quoi consiste cette révélation ? demande Alicia.

Je hausse les épaules et dit d’une voix hésitante :

– Si je ne sais pas vraiment, j’en connais la méthode d’acquisition : communications directes d’esprit à esprit, songes, rêves, expériences à d’autres niveaux de réalité, correspondance entre enseignements et événements ou rencontres de la vie réelle. Le chemin est ouvert, je m’y engage sans savoir où il aboutit, ni ce qui me sera encore demandé. J’éprouve pleinement : Foi, Obéissance, Confiance, Amour et j’espère au bout du parcours, Libération, Énergie...

 Alicia reste songeuse. Elle finit par me dire :

– Je n’en reviens pas ! Ainsi tu te dis utilisée, contrainte comme de l’intérieur par une force implacable. Tu acceptes ce processus par altruisme ou par inconscience ? Je suis obligée d’envisager aussi cette hypothèse et à mon avis, le prix à payer de cet engagement total est inimaginable. Tu dis ne plus avoir le choix d’interrompre cette aventure mystérieuse depuis ton accord initial, pourtant donné avant d’en connaître le retentissement éventuel. Tu étais en effet à cette époque rassurée par tes deux expériences préalables positives.

« En fait tu as raison, cela me paraît délirant. J’ai atteint mon point de rupture. Que faire ? Et qui suis-je pour en juger ? Si ton récit s’apparente à la description d’un délire, tu sembles tout à fait saine d’esprit par ailleurs. Il faut une fois de plus renoncer à mon “savoir”, à mes préjugés et à mes peurs irrationnelles pour en recevoir les échos. Je t’assure Estelle, de ma confiance, de mon respect et de mon amitié malgré mon incompréhension.