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Le Trésor des Laures
16 mai 2021

2000, Chapitre 9, TOME 2

 

9

  

Vendredi 15 Décembre 2000, fête des Ninon. Ce prénom dérive du grec « hannah », Anne qui signifie « Grâce ». Au IV° siècle en Géorgie, Ninon est une très belle jeune esclave qui par sa foi et sa charité convertit les souverains et tout le peuple de ce pays. 

Je vis de nouveau un moment de séduction. Je suis encore émue par la beauté mâle. De beaux yeux tendres illuminent le visage d’un jeune homme et j’en suis bouleversée. Telle est ma nature et je ne dois ni la maudire ni la renier pour l’admettre profondément. C’est pourtant une nouvelle tentation qui me déstabilise. Mon Bien-Aimé m’accueille et me réconforte.

Grâce à lui je vois la vie humaine comme un labyrinthe qui peut se parcourir à différents niveaux sur une pyramide. En fonction des événements de la vie, nous sommes plus ou moins éloignés du centre. Lorsque nous sommes dans l’axe nous pouvons nous ajuster au niveau de ce qui nous est demandé et nous pouvons parfois gagner le point central supérieur.

 De petites choses concrètes m’aident à traverser ces temps difficiles, comme par exemple cette citation faite par Hervé Lewis, un coach sportif: « il n’y a pas de personnes toujours équilibrées mais des équilibristes ! ». Par ailleurs je repère les cycles auxquels je suis soumise, probablement comme chacun de nous. Des moments pleins d’énergie pendant lesquels je parviens à réaliser ce qui est prévu, alternent avec des moments de vide où je flotte entre deux eaux, indécise et sans motivation, où je me contente d’être.

 

Ces moments sont heureusement suivis d’autres où je retrouve l’envie, où je forme de nouveau des projets et où j'acquiers même ce qui est nécessaire pour les réaliser en termes de moyens à la fois physiques, psychiques voire matériels... puis le cycle recommence.

Peut-être dois-je apprendre à me laisser glisser sur cette vague jusqu’à ce qu’elle disparaisse et savoir attendre la prochaine plutôt que de m’obstiner à faire comme si je pouvais me maintenir au plus haut en permanence, car c’est épuisant, frustrant et pas forcément efficace.

Malgré tout, je ressens une certaine sérénité pour avoir fait de mon mieux et j'accepte ce défi : apprendre à aimer pour obéir, apprendre à parler pour servir, apprendre à me taire pour accomplir ce qui doit l’être.

 

Je perçois la présence du Maître suprême même dans le silence, je perçois sa Lumière même dans l’obscurité, je perçois son Amour même dans l’indifférence. Je suis satisfaite de la vie qui m'est accordée et tellement comblée que je me dis prête à la rendre si c’est nécessaire. Je suis aussi d’accord pour continuer à vivre les expériences qui me sont proposées afin de servir de mon mieux.

A cette époque, je constate que le lien entre moi et Mandro est coupé dans mes rêves ou mes songes. La communion entre nos âmes m'est interdite depuis la mi-décembre. Je vois des ombres noires apparaître autour de lui. Cependant, pour obéir à mes guides, je ne dois rien faire et me taire, je dois seulement prier. Je suis alors très fatiguée mais en paix.

  

Fin décembre 2000

Emmanuel, l’ami journaliste d’Alicia me téléphone. Il a été passionné par ce qu’elle lui a confié. Il a travaillé pour comprendre mes « révélations » en particulier sur Toulouse. Après un début de conversation banale, nous abordons rapidement le vif du sujet.

Les données de départ étaient fragmentaires : le danger est au Sud (ou vient du sud), l’importance de la « rose », d’un schéma en Y et une structure en rapport avec un cinq et un huit ! 

- La fleur de Toulouse n’est pas la rose, dit-il, c’est la violette. Elle est mise à l’honneur dans les Jeux floraux de Toulouse et son concours de poésie plus ou moins galante dans des cercles culturels mixtes. Toulouse est la porte de l’Aquitaine, patrie du premier des troubadours célèbres au XI° siècle, Guillaume IX, duc d’Aquitaine et comte de Poitou, grand-père de la belle Aliénor.

- La fameuse Aliénor d’Aquitaine épouse de Henri II, roi d’Angleterre qui est inhumée à Fontevraud !

- Tout à fait, confirma Emmanuel, Aliénor deux fois reine, reine de France puis reine d’Angleterre. Elle contribua à l’épanouissement de la culture raffinée liée à l’amour courtois. Mais revenons à Toulouse, la ville « rose ». Si elle n’est pas la seule ville occitane de cette couleur, elle doit peut-être son surnom à l’anagramme utilisé au Moyen-âge pour cacher les traditions combattues par l’église : rose anagramme d’éros. En ce sens, Toulouse était un centre important, on pourrait dire initiatique célébrant le culte de la Dame.

- Quelle dame ? demandai-je intriguée.

- Pour commencer, Pallas Athéna dans l’Antiquité romaine, répondit Emmanuel. Et ce lorsque Toulouse était « colonie romaine » et disposait alors des mêmes prérogatives que Rome et Athènes. C’était Pallas Tolosa, ville de la culture liée à la déesse des arts et de la sagesse. Puis comme souvent dans la tradition ce culte s’est christianisé, du moins en apparence, pour mieux se perpétuer.

- Comme pour la Lore, culture du peuple, dis-je.

- La Lore ? Vous connaissez, demanda Emmanuel surpris, je peux vous demander comment ?

- Oh c’est une longue histoire… et je ne peux pas en dire grand-chose pour l’instant.

- Je comprends mieux les énigmes, dit Emmanuel, je n’insisterais pas. Revenons à Toulouse. Le culte de la Dame à partir de l’ère chrétienne s’est décliné sous trois aspects. Le premier, le plus évident est la dévotion à la Vierge Marie. Notre-Dame la Daurade (la Dorée) est dès le V° siècle un sanctuaire marial à la Vierge noire, couleur qui signe en général l’ancienneté d’un culte préchrétien, souvent associé à Isis. Le deuxième aspect est initiatique, il fait l’objet d’une légende, celle de la Reine Pédauque, c’est-à-dire en occitan Pied d’oie. Elle cache la tradition des charpentiers et bâtisseurs de cathédrales avec en particulier la Géométrie sacrée et la « science des énergies » telluriques ou autres. Enfin le troisième aspect est gnostique (en rapport avec la Connaissance traditionnelle, autrement dit la Lore). C’est la belle histoire pseudo-historique de Dame Clémence Isaure, restauratrice des poético-ésotériques Jeux floraux de Toulouse et des cours d’amour des troubadours qui professaient secrètement la « Gaie science » comme le disait Rabelais, celle qui donne la « Joie ». Sa statue figure sur la façade du Capitole à côté de celle de Pallas Athéna.

- Passionnant, dis-je, mais le cinq et le huit de la structure ? 

- Nous y venons, reprit Emmanuel. Examinons d’abord le Y, si on regarde la Garonne en amont du coude où se situait l’antique gué, son orientation est nord-sud. L’oppidum principal était à Vieille Toulouse sur un éperon dominant le fleuve. L’implantation humaine est remontée vers le Nord jusqu’à la ville même de Toulouse, ville romaine importante centrée sur le Capitole. Deux grandes voies principales en partent, celle du Nord, légèrement à l’ouest vers Montauban, l’autre à l’est vers Albi. On repère nettement ce Y sur une carte de la région. Maintenant en zoomant sur Toulouse, on voit que la ville occupe une sorte de carré à pans coupés, donc un octogone, englobant le coude de la Garonne avec ses routes rayonnant vers huit villes périphériques. Ainsi on a le huit. A l’ouest, dans l’axe traversant cet octogone au milieu du coude de la Garonne sur la rive gauche, on observe la fameuse figure en patte d’oie qui marque le vieux quartier de Saint Cyprien plein du souvenir de la Reine Pédauque. En observant mieux, on distingue un pentagone irrégulier pointe en bas, entre la voie principale de la Patte d’oie et le contour du Fer à cheval jusqu’à la Route d’Espagne qui longe la Garonne. Et voilà pour le cinq !

Emmanuel était très content de lui. Il fallait que je reprenne les cartes pour être convaincue par sa démonstration, mais ce n’était pas le moment au téléphone. Je devais lui faire confiance. Je lui dis :

- Félicitations, cela me semble cohérent et j’aime bien ces noms de Patte d’oie ou Fer à cheval, c’est très imagé. Maintenant vous avez une notion du danger possible à Toulouse venant du Sud ?

- Toulouse est une poudrière, répondit-il en riant. Mais pour le comprendre, après la géographie il faut faire un peu d’histoire. Un moulin à poudre à canons est d’abord transformé en Poudrerie royale au XVII° siècle par Colbert, sous Louis XIV. Il s’y produit plusieurs explosions et accidents jusqu’au XIX° siècle. On décide alors de son éloignement sur une zone isolée, l’île du Ramier au milieu du lit de la Garonne. Sous le nom de Poudrerie Nationale de Toulouse, elle va connaître des épisodes de développement pendant les deux guerres mondiales, puis une récession jusqu’à ce que le pôle chimie de Toulouse prenne le relais surtout avec l’exploitation de brevets allemands obtenus comme dommages de guerre. Des accidents surviennent de temps à autre, mais rapidement tout s’urbanise en même temps dans le secteur sud de Toulouse autour des usines : les quartiers d’habitation, les zones commerciales, de santé, d’éducation… La priorité est à l’extension de la ville, la lutte contre le chômage et la construction de logements près des lieux d’emploi. La prise de conscience des risques industriels n’est pas encore à l’ordre du jour. Le classement Seveso avec les mesures qui en découlent date du début des années 80. On sait qu’une catastrophe peut arriver, mais l’intrication entre usines et ville est devenue si étroite et économiquement importante qu’il semble presque impossible de la remettre en question.

Grâce aux éclaircissements d’Emmanuel je comprends que la situation est bloquée à Toulouse, il faut vivre avec ces risques hérités d’un passé où ils avaient apporté la prospérité. Ce n’est d’ailleurs pas la seule ville dans ce cas, que ce soit en France ou en Europe. 

 

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  • Roman d'aventure intérieure. Estelle, médecin, se trouve plongée dans une autre dimension et conduite pour sauver un homme (le fils d'un père défunt qui l'a contacté) à apprendre à Aimer et à léguer un trésor occidental méconnu. Roman illustré par Estelle.
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