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Le Trésor des Laures
14 avril 2021

1999, Chapitres 3 et 4, TOME 1

  

3

  

Lundi 20 Septembre 1999. Fête des Eustache qui signifie « porte de beaux épis », signe d’abondance. Saint Eustache s’était converti à la suite d’une vision à la chasse d’un cerf portant une croix dans ses bois.

Après ma rencontre avec Fabrice il y a quelques jours, mon histoire avec lui me semblait finie. Pourtant, aujourd'hui, il est revenu travailler à mes côtés. Près de lui, je vis une journée douce, légère, joyeuse. Il n’a pas changé, il est toujours aussi vibrant de vie, attentionné, sérieux, intelligent, intéressé et intéressant. Il sait donner une autre dimension au travail et poser les problèmes d’une façon neuve et très stimulante.

 J'éprouve vraiment beaucoup de plaisir à travailler avec lui, le temps n’a plus la même durée, l’instant est plein et entier. Je note avec étonnement que lorsqu’il vient un long moment se placer tout naturellement contre moi, je l’accepte sans être bouleversée. Je vis un moment de partage fraternel avec un homme extraordinaire et je me sens bien, en harmonie, dans l’acceptation simple de ce qui advient, sans refus ni désir, enfin apaisée.

 Mais le soir même, je souffre de divers petits maux dont une conjonctivite. Comme je l’ai appris pour décoder la situation, je me demande : « Qu’est-ce que je refuse d’admettre en ce moment ? Qu’est-ce que je refuse de voir ? ». En songe, je rencontre Jil, le Maître des lumières. Il a choisi une ascèse stricte pour reconquérir ses pouvoirs. Selon lui, je dois aimer toujours plus et surtout je dois transmettre à son fils ce que je reçois pour lui. 

Je proteste :

– Je ne décide de rien par moi-même pour Mandro, j’accepte la volonté divine. Je l’aime mais pas pour le prendre. Je l’aime mais surtout pas pour le contraindre. Je l’aime mais pas pour l’aliéner. Il est libre et s’il ne veut pas m’entendre, je ne peux rien de plus.

Le Maître des lumières insiste :

– Tu dois te battre pour lui, le convaincre. Si tu te fais oublier, il va t’oublier et ne trouvera pas la voie.

– Je n’en vois pas l’intérêt et ce n’est pas ma nature. Il ne veut pas me rencontrer, par ailleurs le Maître suprême m’impose le silence.

– C’est ta mission, tu es faite pour cela, c’est la justification de ta vie.

 Je suis choquée par ce discours d’apparence peu respectueuse.

– Je le servirai comme je l’ai promis pour servir la voie. Tu ne peux de nouveau te servir de moi sans penser aux conséquences et sans respecter sa liberté. As-tu oublié ?

Il semble dur, déterminé. J'ajoute :

– J’honorerai ma promesse de lui transmettre de mon mieux. Tu n’as pas le droit de me forcer.

– Ce n’est pas mon intention, c’est ton destin, je le SAIS.

– J’accepte ce qui s’accomplit en moi mais je ne veux pas l’imposer à un autre.

Le Maître insiste de nouveau et martèle ces mots :

– Pour le sauver, tu dois le vouloir.

 

 Je rejoins alors le Maître suprême, il me montre « Le livre de la vie » qui contient des paragraphes nous concernant. Mandro est de mentalité tout à fait ordinaire actuellement, il a pourtant un potentiel très élevé acquis lors de précédentes existences. Il refuse sa mission, mais sa vie changera grâce à celle qui croira en lui au-delà de toute raison et acceptera de le guider pas à pas jusqu’à sa juste place. Ainsi la Promesse s’accomplira et un jour d’innombrables personnes suivront la voie de la Réalisation bientôt accessible aux humains ordinaires.

Je vois se dérouler la vie qui nous est proposée, l’aide mutuelle, le lien fraternel, la mission commune. Ce n’est pas du tout mon désir ni mon projet. Le Maître suprême me dit avec fermeté :

– Tu dois regarder cette éventualité en face.

– Que dois-je faire ?

Patiemment il répond :

– Tu dois apprendre à l’aimer sans restriction. Tu dois vouloir résolument qu’il vienne pour l’accomplissement de la Réalisation.

– Qu’est-ce que ça change puisque tout est déjà écrit dans le Livre de la Vie ?

– C’est important, tu es son témoin pour l’orienter vers le chemin de sa mission et tu dois faire pencher la balance du bon côté puisqu’il refuse encore ce choix. L’action demandée, même invisible et discrète est importante, il faut que tu en sois persuadée.

– Je prie déjà pour lui chaque jour.

– Oui, mais tu le fais d’une manière trop détachée, tu dois t’impliquer totalement, l’aimer aux limites de tes forces, croire en lui jusqu’aux limites de ta raison.

 Je proteste :

– Il fut un temps où tu m'avais demandé de cesser mes prières.

 Le Maître suprême répond d’un ton sec :

– Il y a un temps pour tout.

 Je proteste encore :

– Tu oublies mes engagements, l’homme de ma vie.

– Prends garde, tu ne maîtrises rien de ta vie, elle ne t’appartient pas, tu dois assumer ta mission. Cela seul est important, les conditions de ta vie te sont données pour accomplir ta mission et non pour t’y complaire.

Cela correspond en effet à mes promesses de service et d’obéissance lors de vies passées, jusqu’alors vouées à l’échec en raison de mon oubli ou de mes résistances. Convaincue, j'accepte donc d’aimer Mandro et de prier pour qu’il accède à la voie de Réalisation de son potentiel. J'accepte la volonté du Maître suprême, je ne dois pas être passive, mais partie prenante pour l’accomplissement de la Réalisation. Je me vois alors accueillie dans la Plénitude d’Amour, la Lumière de la Source divine.

 

Vendredi 24 Septembre 1999. Fête des Herman, « homme de guerre ». Saint Herman connut de nombreuses extases, au point même qu’un jour la Vierge Marie se pencha pour saisir la pomme qu’il lui tendait dit-on. C’était au XIII° siècle, siècle très religieux, et pourtant Herman fut longtemps incompris par son entourage !

Je dispose de l’après-midi, Georges rentre de bonne heure. Pour vérifier si les informations reçues en songe sont corrélées à une réalité géographique centrée sur Toulouse, je griffonne en tous sens sur des feuilles, j'esquisse des plans. Georges toujours curieux de ce que je fais s’étonne. Il plaisante :

– Tu cherches un trésor ?

– Peut-être, mais tu vas être déçu, je doute qu’il soit matériel !

– Dommage, dit-il en m’enlaçant, tu me diras ce que tu trouves…

– Oui, mais laisse-moi chercher.

– Bien, je suis là si tu as besoin.

 

J'ai noté que la direction nord-ouest « destinée au fils » aboutit sur la côte atlantique à Bordeaux. La direction sud-est « destinée à la femme saisie par l’esprit » se termine sur la côte méditerranéenne à Perpignan. (Voir Annexe 1) 

http://tresordeslaures.canalblog.com/archives/2019/01/22/37147322.html

J'ai indiqué les villes ou directions intermédiaires correspondantes. Vers Perpignan, il faut traverser Castelnaudary, laisser Carcassonne au nord-est, se diriger vers Limoux puis Couiza, Rennes-les-Bains, suivre la route des châteaux cathares vers Estagel et Perpignan.

Pour Bordeaux, il faut se diriger le long de la Garonne vers Grenade, passer à l’ouest de Montauban, traverser Dieupentale vers Castelsarrasin (non loin de La Ville-Dieu-du-Temple) puis Moissac. Passer par Agen, Aiguillon, Marmande.

Je signale au crayon rouge, qu’à la distance correspondant à celle de Toulouse-Perpignan, vers le nord-ouest se trouve Monségur, sur un carrefour de cinq voies en Gironde. J'avais remarqué le panneau de cette ville sur l’autoroute des Deux-Mers lors du voyage à Toulouse avec Mandro. Il avait brièvement précisé que ce n’était pas le lieu mondialement connu comme étant le château du martyr cathare dont il ignorait par ailleurs la localisation.

De nombreux villages ou villes portent le nom de Monségur en France, et dans la direction concernant « le fils », je relève principalement des repères évoquant les templiers ; dans la direction concernant « la femme », ce sont plutôt les Cathares. A chacun sa route ! Ou peut-être ces deux orientations ont-elles une finalité commune ?

Je décide de faire une pause pour vérifier mes notes sur les cartes et chercher dans les documents touristiques dont je dispose. Ne connaissant pas la région, cela me semble être une bonne occasion pour commencer son exploration. 

 

Mercredi 29 Septembre 1999. Fête des Michel dont le sens est « qui est comme Dieu ». L’archange de ce nom est considéré par l’Église comme le plus beau et le plus puissant des anges depuis sa victoire sur Lucifer qui occupait cette place auparavant.

Après mon évasion touristique virtuelle voici quelques jours, je suis très occupée par la reprise de mes nombreuses activités familiales et professionnelles. Je me sens écartelée entre deux sentiments contraires. Dans mes songes, je découvre un univers inconnu et fascinant où tout me semble bouleversant d’évidence. Dans la réalité, je lutte pied à pied pour contenter ma raison.

Je suis très fatiguée et me bats contre mes doutes. N’est-ce pas absurde de croire ainsi et de prier pour un parfait étranger dont je n’attends rien et que je trouve si peu intéressant une fois redescendue sur terre ? Des songes superbes confirment ma mission, je n’ai pas à la juger ni à la comprendre rationnellement. Mais c’est apparemment si fou que je crains parfois une construction étrange de mon esprit en surchauffe.

En même temps, s’il y a ne serait-ce qu’un peu de vérité, si j'ai un rôle discret, à ma mesure et déterminant semble-t-il dans la vie de Mandro, je désire toujours m’y conformer. La part la plus authentique de moi-même ne doute pas et les bienfaits constatés malgré tout dans ma vie sont concrets. Je me sentirais bien ingrate et inconsciente de tout détruire parce que cela ne rentrerait pas dans le cadre de ma raison étriquée ou paraîtrait dérisoire selon mon jugement.

 

Lundi 4 Octobre 1999. La Saint-François d'Assise, ami des exclus, des animaux et pour qui « Dieu est Amour ».

 Tracassée, je m’interroge encore en ce début de mois automnal, tandis que les arbres caducs roussissent et que leurs feuilles tombent toujours plus nombreuses, dans une danse lente comme en apesanteur. En songe, je vois un renard mort sur le bord de la route dont l’âme m'interpelle. Je lui demande :

– Que peux-tu m’apprendre ?

– Je suis le voleur de poules, je leur fais rendre l’âme, je ne le fais pas par plaisir, c’est ma vie. Tu dois aimer l’Homme au bout de ta raison, au bout de tes forces.

– Que dois-je faire ?

– Je ne sais pas ces choses humaines, je ne suis qu’un renard. Allons plutôt voir l’autre voleuse, la pie qu'on appelle justement « pie voleuse ».

Nous l’apercevons à peine qu'elle nous dit :

– Je vole ce qui brille, pour le rendre à la lumière, c’est ma nature. Toi, tu es voleuse d’homme, c’est aussi pour le rendre à la lumière.

– Que dois-je faire ?

– Je ne peux que t’offrir une plume.

Et le renard ajoute :

– Moi je t’offre mon sang.

– Je n’ai pas de papier, dis-je.

Aussitôt un être de lumière apparaît et répond :

– Prends mon dos.

Une feuille vole vers moi. Je la saisis et l’installe sur ce support providentiel.

– Que dois-je écrire ?

Une colombe vient alors se poser près de mon oreille gauche et me dicte :

« Je suis voleuse d’homme

J’ai rencontré le voleur de poules

J’ai rencontré la voleuse de lumière

Nous agissons ainsi selon notre nature.

J’accomplis mon destin, j’obéis à la mission. »

L’être de lumière se retourne. Je l’interroge :

– Pourquoi est-ce mon destin d’être une voleuse d’homme ? Je ne veux pas, j’ai déjà un homme dans ma vie, je suis si bien avec lui.

– Tu es plutôt gâtée n’est-ce pas ?

– Oui.

– Prends garde de ne pas risquer de tout perdre. Tu as accepté le service et la mission, il fait partie de la mission. Et puis tu n’es pas une « voleuse » d’homme mais une « envoleuse » d’homme. Tu dois lui faire retrouver ses ailes, sa vocation.

– Que dois-je faire ?

– Écris-lui, c’est le moment.

Je contacte aussitôt le Maître suprême qui me dit :

– N'oublie pas ta mission. Il est nécessaire maintenant que tu écrives à Mandro.

– Mais j'avais promis de me faire oublier...

Le Maître suprême soudain sévère répond :

– Qu’est-ce qui est important pour toi, honorer une promesse dont les implications t’échappent ou obéir à ce que t’impose la mission ? Regarde comme tu es, tu as promis deux choses contradictoires. Tu ne sais pas, fais confiance, nous sommes à tes côtés.

– Et s’il refuse encore ?

– Fais ce qui t’est demandé, ne t’occupe pas du résultat et aie confiance. Il viendra pour avancer sur la voie de la Réalisation, c’est son destin.

 

Vendredi 8 Octobre 1999. Fête des Pélagie qui signifie « la pleine mer, le large ».

Je m’interroge sans cesse sur la qualité des enseignements que je reçois. La connaissance théorique est une chose, éprouver concrètement dans toutes les structures physiques et psychiques de l’être les conséquences de cette révélation en est une autre.

Ma vie est un paysage dont la topographie est composée de différentes strates. On accepte un paysage en son entier, on l'admire même, pourquoi ne pas faire de même avec ma vie ?

  

4

  

Samedi 9 Octobre 1999. Fête des Denis, version francisée de Dionysos « né deux fois ». Premier évêque de France, premier saint décapité à porter sa tête jusqu’au lieu de son futur tombeau, Saint-Denis.

Encore déchirée par mes doutes, un nouveau songe me confirme la nécessité d’écrire à Mandro. Je suis paralysée par la timidité, impressionnée par son attitude et si mes guides me disent d’avoir confiance, d’agir sans s’attacher au résultat, c’est plus facile à dire qu’à faire ! Comment réagir s’il continue à refuser de m’entendre ? Je prie pour être guidée afin d’accomplir ma tâche au mieux. Quoi qu’il arrive, quoi que les autres en pensent, c’est mon histoire, je ne la renierai pas. Ma vie est transformée grâce à cette rencontre, cet amour immense, cette aventure spirituelle. Les perspectives en sont fabuleuses, et tout en me donnant le vertige, elles donnent à ma vie tout son sens, sa vraie dimension.

 

Vendredi 15 Octobre 1999. Fête des Thérèse dont l’étymologie est « qui récolte ». Sainte Thérèse d’Avila au XVI° siècle en Espagne, fut une mystique parfois extatique, mais très active dans l’Église (en particulier par son chef-d’œuvre de la spiritualité : Le Château intérieur ou Le Livre des demeures).

Demandant à être aidée plus concrètement, je revois en songe le « sage qui sommeille » dans la bibliothèque où j'ai mes habitudes, je l'appelle Lotaire. Inspirée par cette vision, j'essaie aussi de le rencontrer dans la réalité.

En attendant, je m’intéresse aux livres en rayon et découvre un ouvrage fascinant composé de nombreuses photographies de sculptures illustrant l’architecture romane. Comme en état second, je photocopie l’une d’entre elles pour écrire à Mandro sur le verso. Elle provient d’un pilier de l’église de Nantilly-Saumur où est sculpté un chevalier coiffé d’un voile qui enfonce sans effort son épée dans le dragon lui faisant face. Le timbre sur l'enveloppe de mon courrier représente le Petit Prince assis sur un mur.

J'ignore pourquoi mon choix s’est porté sur ces deux images. C’est probablement l’essentiel du message par ailleurs anodin que j'écris au dos de l’illustration, sans en attendre de réponse. Apaisée par cette démarche comme à chaque fois que je me conforme aux exigences de mes guides, je me réjouis quelques jours plus tard de mon bonheur d’être aimée par Georges, l’homme de ma vie. Je remercie le Maître suprême d’assurer mes besoins pour évoluer, avancer selon la mission de Réalisation et non selon mon désir, car je reconnais mon ignorance et mon incapacité à juger par moi-même de la situation.

Je comprends que l’âme vient apprendre dans la matière, éprouver sa propre nature et peut dans l’exercice de sa liberté choisir de vivre de la vie divine dans son vrai royaume ou choisir de rester dans le monde des illusions en se heurtant à ses limites.

Lorsque nous saisissons enfin c’est un émerveillement sans fin ! Le voile se déchire, la dimension verticale apparaît, nous accédons à une haute dimension divine. Cependant, cela ne peut s’apprendre superficiellement, en théorie, il faut l’expérimenter réellement. Chacun finalement connaît cette vérité au fond de lui, mais il doit en refaire le choix dans sa vie pour assumer sa liberté.

L’humain qui atteint ce stade peut seulement se taire et rester là, présent de cette Présence en lui, face à celui qui souffre de sa situation de victime impuissante des aléas de la vie. C’est le seul moyen authentique de l’amener lui aussi à reconnaître sa vraie nature reliée à l’Être suprême, de l’amener sur cette voie, en respectant son libre-arbitre. En tout cas, c’est la voie qui m’est révélée, loin des prodiges et des merveilles faisant croire aux ignorants que tout cela ne les concerne pas.

 

Mardi 19 Octobre 1999, fête des Laure qui vient du grec « sentier étroit » ou du latin « laurier », symbole de gloire. Une laure est un lieu de vie monastique qui rassemble des ermites, ils prient seuls tout en étant ensemble. Un rêve pour la vie spirituelle ou mystique. Les plus anciens monastères chrétiens sont orthodoxes et appelés des Laures. Cela me semble en ce moment comme un idéal : vivre la vie intérieure spirituelle qui demande solitude et recueillement tout en étant insérée dans une communauté de vie !

Ce jour, malgré mon sentiment de plénitude, j'ai l’honnêteté d’admettre que lorsque ma raison l’emporte, je suis toujours assaillie par le doute. Je m'’interroge sur mes erreurs éventuelles et sur les actions à entreprendre pour réussir ma mission.

En songe, mon guide Vincent m’invite :

– Viens à table, nous allons jouer.

– Non merci, je n'aime pas cela.

– Tu n'aimes pas jouer ? Mais tu es déjà dans le Jeu. Regarde cette case. Que vois-tu ?

– Je suis dans un puits, condamnée à me taire. « La parole est dans le puits ».

– La parole est dans le puits... Exactement. Et alors, peux-tu sortir de ce puits ?

– Non, je dois passer mon tour jusqu’à ce qu’un joueur vienne et libère ainsi ma parole.

– Ce joueur viendra, il ne peut faire autrement, cela fait partie du jeu. 

– Mais quand ?

– Il viendra en son heure. Il viendra de lui-même jusqu'à toi. Tu dois attendre, te taire, espérer, croire, prier et travailler pour continuer à appréhender en profondeur la Révélation en vue d’œuvrer à la Réalisation.

 

Quelques heures plus tard je demande : « Que dois-je dire à Mandro pour le convaincre de l’importance de ce que j’ai à lui transmettre ? »

En songe, je monte dans la lumière. Un guide féminin nommé « Mère » m’accueille, ses formes sont très généreuses et elle est dotée d’une sensualité débordante.

– Cela c'est quelque chose de féminin, viens me voir.

Mère me parle de mon corps, de mon sexe d’une manière très crue et pourtant profondément authentique.

– Ouvre-toi. Laisse circuler l'énergie jusqu'à la faire remonter au sommet du crâne.

Je perçois alors l’ouverture d’un canal au centre de mon corps. Mère me touche :

– Sois à la fois ferme et ouverte. Il est l’homme qui te met dans l’axe, corps, esprit, âme, unis à la verticale.

Je ressens, vis intensément cette union et vois s’épanouir au sommet du canal une fleur transparente qui grossit jusqu’à couvrir ma tête. Mère me dit :

– Voilà, tu es prête à le rencontrer et tu vas le faire maintenant.

Je proteste :

– Ce n’est pas la réalité, c’est un songe !

Mère affirme :

– C’est plus réel que tu ne le crois.

Poussée par Mère, j'entre dans une pièce vide aux murs nus, percés de nombreuses portes. Mandro vient aussitôt vers moi.

– Bonjour Estelle. 

Je me dis qu'il ne m’appellerait pas ainsi par mon prénom dans la réalité. Mais il le répète et m'offre un bouton de rose qu'il vient de cueillir.

– J'ai reçu le message et j'aimerais en savoir plus, me dit-il.

– Qu'avez-vous compris au juste ? dis-je, sur la défensive.

A cet instant une lumière en triangle apparaît au-dessus de nous. Dans le silence, un ordre de dimension supérieure se sert de mon être comme médiateur. Tout est facile et à la fin Mandro me demande :

– Vous m'aiderez ?

– Je vous le promets, je réponds.

Nos doigts alors s'entrecroisent et forment le signe W comme des ailes entrelacées.

 

Dans un autre songe, je m'interroge sur mon agressivité qui persiste alors que j’aspire à la douceur, la paix intérieure. Un personnage noir, masqué, mauvais dont j'ai oublié le nom se présente.

– Je suis responsable, moi et mon armée de monstres volants, rampants, marchants et sautants, de l'agressivité qui est en toi. Aime-là.

– Je ne peux pas, je suis vouée au Très-Haut.

– Tu dois m'aimer aussi et te souvenir de mon nom.

Il tient des propos très séducteurs, il enlève son masque, il est plein de passion.

– Regarde-moi, je suis beau, je peux te plaire.

– Vous ne me plaisez pas.

Il me raisonne encore :

– Je suis moi aussi une créature du Très-Haut, je fais partie de toi, et tu dois m'aimer.

– Je ne peux t'obéir, car je sers le Très-Haut, mais j'accepte de te suivre.

Le parcours est monstrueux, noir, gluant, malodorant. Ses monstres nous accompagnent jusqu'à une tour en forme d'immense marmite où je me retrouve soudain enfermée. Il n'y a plus aucune issue, mes prières sont sans réponse. Enfin, je perds conscience.

Je me souviens qu'il m'a parlé de l'importance de retrouver son nom. Pour cela, je dois l'accepter pleinement, l'aimer. Je me réveille alors avec son nom, je le crie de toutes mes forces, les murs de la tour disparaissent.

– Nous voilà. Je suis à tes ordres maintenant, ainsi que mon armée. Tu peux ressentir la paix et faire la paix au fond de toi. Puisque tu nous aimes, nous ne serons plus en lutte contre toi. Nous faisons partie de toi pour t'aider, et si tu as besoin de nous, nous serons là.

 

Peu de temps après, j'ai un moment de faiblesse, je suis de nouveau malade (rhume, angine). Un songe qui suit cette prise de conscience me met en contact avec un autre guide, Adon, un être magnifiquement lumineux vêtu de blanc. Il est brûlant mais c’est une sensation douce. Il me prend dans ses bras, vient en moi au centre de l’axe corps-esprit-âme où sa chaleur diffuse, m’emplissant de forces de guérison. Puis il se place devant moi.

– Souviens-toi, qui est l’archange de lumière ?

J'hésite :

– Est-ce toi ?

Puis je me souviens : 

– Michaël ! 

Cette réponse me vient sans réfléchir, comme dictée de l’intérieur. J'ignorais même la connaître.  Et j'ajoute :

– Mais qui est Michaël ? 

– C’est celui qui maîtrise le dragon, dit Adon. Il ne le tue pas, c’est important que tu comprennes cela.

Je saisis soudainement que toutes ces forces contradictoires ressenties en moi sous forme de tension, d’agressivité ou de mal être n'ont rien de mauvais en soi, et que cette lutte contre une partie de moi-même, par exemple contre la sexualité ou mes sentiments « incorrects » sont inutiles. Il me faut avec le Maître et tous les êtres de lumière à son image les regarder en face, les accepter, les intégrer en moi. Adon semble satisfait :

– Va maintenant explorer le « pôle inférieur brûlant ».

 

Comme à chaque fois que je ne comprends pas les enjeux d’une situation ou une énigme proposée par mes guides, je m’interroge plusieurs jours à ce sujet, jusqu’au moment où je retrouve « Mère » en songe.  D’emblée le ton de notre échange est infiniment sensuel et d’un érotisme torride. Elle me fait ressentir, sans objet particulier de désir, l’intensité de chaque sens jusqu’à faire entrer mon corps en cohérence profonde.

Tout s’anime et vibre en moi, c’est un déchaînement inouï dans chaque cellule, à un niveau quasi insoutenable. Chaque partie de mon corps vit érotiquement, dans une « sensorialité » exacerbée. Des ondes d’une énergie phénoménale se déploient, s’enchevêtrent et s’expriment en torrents de sensation. Pourtant mon esprit reste stable et un axe lumineux bien dessiné ouvre en moi un canal central. Toute l’énergie part du pôle inférieur de ce canal pour remonter, s’épanouir en gerbe féerique au sommet, vers le Très-Haut. Au fur et à mesure, Mère m’instruit, avec des mots brûlants, de ce qui se passe dans mon corps. Et je l’écoute dans une totale confiance, explorant ainsi différents aspects de la sexualité.

J'apprends qu'en restant au pôle inférieur, il y a un stockage de l’énergie et une perte du Sens. On s’y confronte à l’aspect passionnel dévorant qui peut enfermer jusqu’à totalement consumer. Au contraire, se servir de cette énergie disponible pour animer les structures de l’être et remonter selon l’axe corps-esprit-âme permet apparemment d’accéder à une vérité et une unité totale de la personne, alors reliée à l’énergie la plus haute.  L’énergie disponible pour le fonctionnement normal des organes aux différents étages du corps doit être totalement sublimée sous forme érotique. Cette étape permet de compléter la réalisation de l’être sur le plan énergétique et le prépare pour aborder une autre étape...

Cette initiation me convient, j'ai beaucoup de désirs contradictoires qui m'assaillent au quotidien et c’est très inconfortable, j'espère une délivrance. Mais pour le moment, de toute évidence je n'en suis pas là, il me faut vivre un stade ritualisé de montée d’énergie sexuelle.

– Ouvre-toi totalement par le pôle inférieur, absorbe tout ce qui est en-dessous, me dit Mère. Ouvre ton sexe, laisse-le devenir réceptif pour être pénétré par ce qui vient. Et celui qui vient, regarde-le, ne résiste surtout pas, ne le juge pas. C'est lui qui te met dans ton axe, qui est juste fait pour toi. Accueille-le, qu'il te pénètre totalement.

Je perçois son corps venir en moi comme si j'étais un moule pour le faire naître à un niveau supérieur. C'est un sentiment incroyable d'être à la fois deux et un, totalement faite pour lui, et lui pour moi. C'est une communion absolue sous la guidance de Mère.

Elle me dit encore :

– Sens son poids, sa résistance en toi, sens-le pleinement et accepte de le porter le temps qu'il faudra avant de le rendre au monde de la Lumière.

C'est une plénitude totale et un effort sans participation volontaire. Je suis émerveillée de tous ces processus étranges qui se révèlent en moi. Je suis au centre d'une expérience fabuleuse qui me dépasse et transcende mes pauvres limites humaines.

Puis Mandro paraît devant moi, vêtu de blanc, il me prend la main et nous avançons ensemble dans la lumière. Je ne sais pas où je vais mais sans bien cerner ce qui se passe, je ressens que cela se situe dans l'axe juste qui défie les critères et les limites humaines de ma raison.

 

Pourtant, dans mon quotidien malgré l'intensité de ce que je vis en songe, ma raison se rebelle encore. Et je suis triste de n'avoir pas réussi à établir le contact réel avec Mandro pour me permettre d'accomplir ma mission. Dans cet état d'esprit je fais un nouveau songe.

Je suis étendue sur une table de pierre. Mandro est près de moi tenant une épée comme s'il était prêt à me l'enfoncer dans le cœur. J'accepte déjà par avance de donner ma vie pour qu'il accède à la Réalisation et accomplisse sa vocation. Mais soudain je m'élève comme portée par des forces supérieures et j'entends une voix :

– Ce n'est pas à cela que tu es destinée.

Puis Mère m'accueille et dit :

– Tu es prête pour l'Union Sacrée.

Elle me déshabille, me masse, suscitant un climat très sensuel avant d'appeler le Bien-Aimé. Il me prend dans ses bras, j'essaie de lui parler mais il me dit qu'il n'en a pas la possibilité. Je m'abandonne à ses caresses les plus tendres, les plus émouvantes. Puis il pénètre et disparaît en moi, il devient une étoile au-dessus de ma tête.

Adon vient à son tour et m'enveloppe de ses bras. Je suis brûlante d'amour. Il occupe tout le canal de lumière en moi, puis il disparaît aussi dans le ciel. Le Maître des Lumières s'approche. Il semble plus vieux, plus fatigué :

– M'acceptes-tu ? me dit-il.

– Oui, dis-je, sans résistance.

Mais cela lui semble difficile. Mère vient alors vers nous et prend place en moi sous forme d'une femme aux formes généreuses. Elle accueille le Maître des lumières dans le canal central lumineux et il s'élève très haut. Le personnage mauvais entouré de ses compagnons de cauchemar se présente alors à son tour. J'ai un mouvement de recul. Mère me dit :

– Lui aussi tu dois l'accueillir.

Je suis très inquiète quand il vient derrière moi et me saisit de ses doigts griffus. Mère comprend ce que je ressens. Elle me rassure :

– Tu dois t'ouvrir totalement. Je suis avec toi.

Elle me prend contre son corps généreux puis m'absorbe en elle. Les monstres s'unissent autour de nous puis, passant en nous, ils disparaissent vers le haut pour devenir l'étoile à l'éclat le plus vif dans le ciel. Mère rit :

– Tu as réussi.

Le Maître suprême à son tour se présente, il se coule en moi sans effort et disparaît vers le haut en quelques secondes d'illumination totale où je suis lui, éprouvant une puissance et un amour fabuleux.

Mère enduit alors mon corps d'une substance parfumée, douce et onctueuse, et me dit :

– Ce sera désormais ton parfum. C'est ton habit de nature divine.

Puis Mère vient à moi et soudain Mandro est là. Union, fusion sublime, lui en moi, moi en lui, frère dans l'Amour divin. Nous sommes boule d'énergie pure. Nous sommes aspirés dans la sphère divine puis dans le miroir des origines où la brume est opaque et sombre. Nous y entendons une voix.

– Souhaite ce que tu veux.

– Que Ta volonté soit faite, dis-je dans l'abandon et l'offrande la plus complète.

Je vois alors flotter des fils d'énergie représentant la matière. Une musique céleste s'élève, les fils se rassemblent et dessinent degré par degré une immense pyramide de lumière reliant les profondeurs au sommet où nous nous tenons. J'entends de nouveau la voix :

– Désire encore.

– Je souhaite que la Réalisation soit clairement inscrite en chaque homme afin de le guider sûrement sur ce chemin.

– Ton vœu est exaucé et tu y contribues, mais n'oublies-tu pas quelque chose ?

Je pense soudain à ma mission :

– Je souhaite que Mandro parvienne à la Réalisation.

La voix insiste :

– Et encore ?

– Je souhaite qu'il vienne vers moi pour accomplir sa vocation.

– Va en paix, je suis avec toi.

Expérience fabuleuse qui magnifie chaque instant et me fait lire au revers de chaque moment vécu une aventure en marche exprimée dans nos destinées humaines. Plus rien n'est banal ou ordinaire. Tout est en cohérence dans l'univers et se positionne selon les dimensions multiples de la Vie dans un réseau chatoyant et infini.

Je suis en même temps bien ancrée dans la réalité, les pieds sur terre, et mes obligations, mes contraintes sont facilitées. J'y mets la même énergie mais tout se réalise comme si les conditions étaient optimales. Je ressens des forces inconnues à l’œuvre qui me font percevoir et participer à cet autre plan de la Vie. Des vibrations infinies me font « centre », réceptrice mais aussi émettrice, et je rayonne autour de moi.

Pour me détendre, je consulte des livres sur l’Art roman (en particulier sur le cloître de Moissac, parfois désigné comme « le plus beau du monde »), quand je m’aperçois soudain que c’est l’anagramme de son nom, Mandro Lare, l’Art roman ! Ceci dit c’est passionnant indépendamment de lui.

 

Quelques jours plus tard, en songe je reçois la promesse d’une libération si totale que je ne peux y croire. Dans la lumière où je m'élève, je vois une forme lumineuse au visage masqué derrière un triangle. Je l’interroge :

– Que me veux-tu ?

– Te libérer quand tu seras prête.

Devant mon incompréhension, il ajoute :

– Tu devras renoncer à toute limitation, tout attachement et tout désir d’attraction des êtres, alors l’horizontale de ta vie disparaîtra et tu entreras dans le pouvoir de la verticale. Chaque instant de ta vie sera instant d’éternité. Chaque endroit où tu te tiendras sera espace total sans limite. Chaque être que tu rencontreras sera ta famille et pourtant tu seras libre de tout lien. Tes besoins seront comblés au-delà de tes désirs et tu entreras dans la Plénitude de la Paix. Je reviendrai te chercher. 

Cela me semble tellement irréel que je ne me sens pas concernée par ce message comme s’il s’adressait à une autre personne qui, elle, serait qualifiée pour ce parcours exceptionnel. Ma vie est emplie de douceur, d’harmonie. C'est quasi magique et je suis si heureuse que je pourrais dire si je devais mourir maintenant que je suis parvenue au mieux de mon existence, de ma vie terrestre. Mais je n’oublie pas que je suis « au service », déchargée du poids du quotidien dans la mesure où je me consacre à la Mission, à l’œuvre de Réalisation.

Je prends aussi conscience du travail nécessaire ! Je n’aurais peut-être pas assez d’une vie entière pour utiliser, élaborer un travail transmissible à partir de ce que j'ai reçu. En tout cas, je dois m’efforcer de rester dans l’axe, reliée au divin, emplie de sa lumière. Je dois laisser l’amour me traverser puis se diriger à travers moi vers Mandro.

Je n’ai pas d’effort à fournir pour retenir, contraindre mes sentiments à des limites humainement admissibles, au contraire il me faut lâcher prise, me « laisser agir » dans le silence et dans l’amour qui me possède tout entière. Je suis transformée encore et toujours plus, mais que pourrais-je en dire à ce stade ? Le silence est le seul espace sacré pouvant accueillir cette expérience inimaginable.

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Le Trésor des Laures
  • Roman d'aventure intérieure. Estelle, médecin, se trouve plongée dans une autre dimension et conduite pour sauver un homme (le fils d'un père défunt qui l'a contacté) à apprendre à Aimer et à léguer un trésor occidental méconnu. Roman illustré par Estelle.
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