2003, Suite, TOME 1

2003

Avril 2003

Six mois d’arrêt maladie sont passés. Le traitement prescrit par le cardiologue permet de maintenir ma tension (avec dix comprimés par jour !), mais mon autonomie plafonne à trente minutes d’effort modéré et une heure maximum assise. Je ne peux conduire que vingt minutes en ville, une demi-heure en campagne. Avec ça je ne vais pas loin.

Six mois, c’est long. Alors les organismes payeurs veulent faire le point sur mon état, rien que de très normal. Étant donné ce que j’ai déjà vu je m’attends à passer de bons moments… D’autant qu’il n’y a toujours pas d’étiquette diagnostique claire à coller sur mes symptômes et les médecins détestent cela. Dans quelle case vont-ils me mettre ? 

Je suis retournée dans le service de soins où j’ai mon bureau. Que dis-je ? Ce n’est plus mon bureau, j’ai été heureusement remplacée. Et il semble que cette personne donne satisfaction, c’est rassurant. Je me mets en situation de faire une éventuelle visite en passant voir des patients après m’être présentée à l’équipe de service. Ils sont tous contents de me voir, mais je reste évasive et nous ne perdons pas de temps en bavardage. Au bout d’une demi-heure, pourtant heureuse de cette immersion professionnelle sans contrainte, épuisée je me réfugie dans le bureau et m’allonge par terre dix minutes avant de repartir discrètement. Il faut que mon état s’améliore encore pour espérer revenir travailler. Deux jours plus tard, j’ai rendez-vous avec une charmante psychologue mandatée par une assurance pour évaluer mes capacités de travail. Elle me propose de reprendre à raison de deux heures par jour, mais elle abandonne quand elle comprend que mon autonomie ne me permet même pas d’assister à une réunion de service ! Je lui dis que pour trouver ce qui a peut-être provoqué mon état, je cherche dans mon passé récent avec une psychiatre ( qui ne veut pas pour l’instant se prononcer sur mon histoire ) et en écrivant avec l’aide de mon amie Alicia. Elle se montre enthousiaste et me dit qu’elle serait intéressée de lire le manuscrit quand nous aurons fini.

A la maison, Georges est irritable, il est en conflit larvé avec sa hiérarchie depuis qu’il a soutenu son confrère pourtant réhabilité par l’instance parisienne. Il constate avec tristesse que la servilité et la capacité à « s’asseoir sur ses principes » est plus favorable que la compétence. Il souhaiterait changer de travail, mais malgré son désir et la proposition en ce sens qui lui a été faite, par amour pour sa fille, il renonce à donner des cours à la Fac de droit. Nadège qui fait sa première année ne veut pas que son père soit enseignant dans sa Fac. Il est inquiet pour l’avenir, il a peur de soucis financiers en raison de mon état.

Pour moi, je reste sereine, je poursuis la voie enseignée par mes guides, maîtriser mon mental par la prière, faire de mon mieux chaque jour en acceptant ce qui se présente et surtout me mettre le plus souvent possible en état d’amour inconditionnel. Mes guides m’assurent que je vais guérir… J’ai demandé à mon médecin des séances de kiné pour m’aider à progresser, elle en a balayé la possibilité d’un revers de main. Sur le coup, je suis décontenancée, puis je le prends comme un défi. Pour rééduquer mon souffle, je me mets à chanter ; pour me donner envie de marcher davantage, je décide de prendre la voiture une fois par semaine en moyenne pour explorer tous les petits chemins et les villages des environs. D’autant que j’ai vu en rêve le pentagone centré sur Angers donner naissance à une grille, un maillage de lieux habités de façon ancienne. Je prévois de découvrir l’histoire locale en me rendant dans les mairies et les centres historiques des bourgs.

Voilà de quoi m’occuper l’esprit et le corps de façon stimulante en attendant de finir d’explorer et d’écrire mon histoire pour trouver l’élément-clé qui me permettrait de guérir.